Le bâillement est l’un des phénomènes du comportement humain les plus mystérieux et les moins étudiés. Presque tout le monde a été confronté à une situation où vous ouvrez soudainement la bouche, la gorge et prenez une profonde inspiration. Dans ce cas, une tension musculaire prolongée et une expiration se produisent involontairement. Le bâillement est souvent associé à l’ennui ou à la fatigue. Toutefois, les véritables raisons de ce phénomène sont bien plus complexes. Voyons pourquoi les gens bâillent.
Physiologie du bâillement
Lors du bâillement, certains nerfs crâniens et muscles du pharynx, de la bouche, de la mâchoire et du larynx sont activés. Cela conduit à une inspiration profonde, une relaxation prolongée et une expiration douce ultérieure. Le processus lui-même prend environ 6 secondes.
Ainsi, le bâillement est une réponse neuromusculaire complexe qui implique de nombreux systèmes corporels. Mais pourquoi est-il nécessaire et quelles fonctions remplit-il ?
Fonctions de bâillement
Selon les idées modernes, le bâillement joue un rôle important dans la régulation du fonctionnement de base de notre corps :
1. Améliorer la thermorégulation cérébrale
En prenant une profonde inspiration, l’air froid pénètre dans les vaisseaux sanguins du cerveau et refroidit le cerveau, tandis que l’air chaud expiré le réchauffe. Ainsi, le bâillement contribue à optimiser l’homéostasie de la température du cerveau pour un fonctionnement normal.
2. Élimination de l’hypoxie
Le bâillement profond sature le sang en oxygène, aidant ainsi à lutter contre le manque d’oxygène des tissus (hypoxie), qui peut survenir en raison du manque de sommeil, du stress et du surmenage.
3. Améliorer la circulation cérébrale
La dilatation des vaisseaux sanguins du cou lors du bâillement accélère l’écoulement du sang veineux du cerveau, améliorant ainsi son apport sanguin. Cela a un effet bénéfique sur les performances des cellules nerveuses.
4. Augmentation du tonus musculaire
Le bâillement entraîne les muscles du pharynx, de la langue, du visage et du cou. Cela contribue à améliorer leur force et leur endurance. De plus, étirer les muscles permet de les détendre et de soulager les tensions.
5. Stimulation de la production de larmes
Les canaux lacrymaux qui s’élargissent lors du bâillement hydratent mieux les yeux, évitant ainsi le dessèchement, les irritations et la fatigue.
6. Amélioration de l’audition
Le mouvement des éléments de l’oreille moyenne lors du bâillement permet de les dégager et d’améliorer la fonction auditive.
Causes du bâillement
Selon les recherches, le bâillement peut être causé par un certain nombre de facteurs :
1. Troubles du rythme circadien
Le pic d’activité du bâillement se produit pendant les phases de transition du sommeil à l’éveil et de l’éveil au sommeil. Le bâillement aide le corps à ajuster ses biorythmes et à ajuster de manière optimale tous les systèmes pour la période d’activité ou de repos à venir.
2. Fatigue et somnolence
La sensation de léthargie et de somnolence est l’un des déclencheurs les plus courants du bâillement. Le bâillement, pour ainsi dire, « recharge » un corps fatigué, saturant le cerveau en oxygène et améliorant la circulation sanguine.
3. Stress et anxiété
Le bâillement aide le corps à faire face au stress et à se détendre. Par conséquent, dans des situations stressantes, les gens bâillent souvent involontairement.
4. Ennui et monotonie
L’activité monotone, le manque de perception active et de travail mental déclenchent le bâillement. Le bâillement semble « diluer » l’ennui et augmente à nouveau le tonus du cortex cérébral.
5. Diminution de la concentration
Lorsque l’attention s’affaiblit et que l’activité cérébrale ralentit, le corps tout entier commence à « ralentir », lançant un « programme de rafraîchissement » sous forme de bâillement.
6. Augmentation de la température du cerveau
La surchauffe du cerveau est également une incitation au bâillement. Comme indiqué ci-dessus, le bâillement refroidit le cerveau et favorise la thermorégulation.
7. Diminution des niveaux d’oxygène
L’hypoxie tissulaire déclenche le bâillement pour saturer le sang en oxygène et normaliser les fonctions vitales du corps.
La psychologie du bâillement
La recherche montre que le bâillement est souvent de nature psychologique et infectieuse. Examinons les principales caractéristiques de la « psychologie du bâillement » :
1. Se connecter avec les émotions
Les émotions positives, le plaisir et l’intérêt sont beaucoup moins susceptibles de provoquer des bâillements. Mais l’ennui, la déception, l’humeur dépressive sont le contraire. Par conséquent, le bâillement est souvent utilisé comme marqueur non verbal pour évaluer la réaction d’une personne à ce qui se passe.
2. Contagiosité
Il arrive souvent que dès que quelqu’un bâille, les gens autour de lui se mettent immédiatement à bâiller instinctivement. Ce phénomène est appelé contagion psychologique. Elle repose sur l’activité miroir des neurones cérébraux et le réflexe d’imitation.
3. Conséquences sociales
Dans certaines cultures, bâiller en public est considéré comme indécent, voire offensant. Bien qu’en fait, le bâillement soit un besoin psychophysiologique tout à fait normal du corps. Cependant, de nombreuses personnes tentent de cacher ou de supprimer le bâillement devant les autres.
4. Différences d’âge
Les femmes bâillent beaucoup plus souvent que les hommes. De plus, le bâillement est plus prononcé dans l’enfance et la jeunesse et, au contraire, diminue avec la vieillesse. Cela est dû à des facteurs hormonaux et neurophysiologiques.
Faits curieux sur le bâillement
En plus des aspects évoqués ci-dessus, il existe de nombreux autres faits intéressants concernant ce phénomène mystérieux :
- Une activité de bâillement a été détectée chez les fœtus dès la 12e semaine de grossesse. Ainsi, le réflexe est posé avant la naissance.
- En moyenne, un adulte bâille environ 10 à 20 fois par jour. Cependant, il existe des « détenteurs de records » avec plus de 100 bâillements par jour.
- Il existe de rares troubles neurologiques qui se manifestent par des bâillements pathologiques jusqu’à 500 fois par jour.
- Le bâillement ne peut pas être réprimé par la volonté. Il n’y aura qu’un retard suivi d’un bâillement encore plus puissant et prolongé.
- Lorsque la bouche est fermée, les muscles continuent de bâiller, mais sans aspirer d’air dans la cavité buccale.
Ainsi, le bâillement n’a pas été entièrement étudié et recèle de nombreux mystères. Cependant, il est déjà clair qu’il s’agit du mécanisme adaptatif le plus important pour maintenir l’homéostasie et le fonctionnement optimal de notre corps.
Conclusions
Le bâillement est une réponse profondément programmée du corps à certains stimuli internes et externes. Il remplit de nombreuses fonctions utiles – de la thermorégulation du cerveau à l’augmentation du tonus musculaire.